Et
c'est reparti. Revoilà le serpent de mer de l'ouverture des magasins le
dimanche. Chaque fois que le sujet est abordé, les passions
se déchaînent. Tu veux ou tu veux pas...
Précisons d'entrée qu'à de rares exceptions clairement définies, l'ouverture des magasins le dimanche est interdite. C'est la loi !
"Sed lex dura lex : La loi est dure, mais c’est la loi "
et
elle s’impose dans toute sa rigueur.
Les
grandes surfaces de bricolage qui veulent
ouvrir ce dimanche sont donc hors-la-loi et seront devraient
être sanctionnées.
L'opinion
publique est partagée en deux camps :
-ceux qui souhaitent l'ouverture des magasins sont, dans leur
immense majorité, ceux qui ne travaillent pas ce jour là et souhaitent pouvoir
fréquenter les centres commerciaux ;
-ceux qui sont contre l'ouverture des magasins généralement
travaillent ce jour, volontairement où pas, nous y reviendrons.
Voyons
les détails du dossier
L’augmentation
du chiffre d’affaires des magasins est une affirmation facile à démonter, le
budget des ménages n’étant pas extensible. Prenons l'exemple d'un
ménage avec deux enfants qui dispose d'un budget de
1000€/mois. Expliquez moi par quel miracle un jour de plus pour
faire leurs achats leur permettra d'augmenter leur budget.
On
peut donc affirmer que le chiffre réalisé le dimanche le sera au détriment des
autres jours de la semaine. D’aucuns affirment que les achats non réalisés le
dimanche ne le seront pas un autre jour, ce qui est faux. Revenons à nos
magasins de bricolage : si vous avez décidé de repeindre vos murs, de
toute façon vous irez acheter vos pots de peinture, et si votre magasin n’est
pas ouvert le dimanche, et bien vous irez un autre jour. Ce qui vaut pour le
bricolage vaut pour tous les autres produits, à l’exception peut-être des
produits immédiatement consommables parmi lesquels ont peut citer
l’alimentation, les loisirs, les transports….
Le
gain de chiffre d’affaires n’est effectif que dans le seul cas où tous les
concurrents d’un magasin donné sont fermés. Ce qui n’existe pas ! Si le
Leclerc de votre ville décide d’ouvrir le dimanche matin, vous pouvez être
certains que l’Intermarché l’imitera aussitôt et tout le monde se retrouvera à
la case départ. Sauf les petits commerçants qui ne pourront lutter et qui
seront amenés à fermer boutique, désertifiant un peu plus le centre-ville. Beau résultat.
"Laissez-nous
travailler le dimanche…" c'est le slogan des employés du dimanche matin,
inquiets de voir une partie de leur salaire amputée. Ne soyons pas dupes. Tous
ces gens ne se battent pas pour le plaisir de travailler le dimanche, mais pour
gagner plus d'argent ou pire, pour conserver leur emploi... Or, si tous les
médias nous montrent en boucle les mêmes employés des mêmes enseignes qui
débitent une leçon apprise par cœur, dans l'immense majorité des cas, le
travail du dimanche n'est pas un choix, mais une obligation prévue dans le
contrat de travail. A sa signature, l'employé nouvellement embauché est informé
qu'il est "susceptible" de travailler le dimanche, les heures
effectuées ce jour étant alors comprises dans le forfait hebdomadaire. C'est
sans doute ce qu'on appelle le volontariat puisque si tu n'es pas d'accord tu
ne seras pas embauché...
Vu sur Twitter-TL de G.Filoche |
A
moins que...
A moins
que cela ne cache une stratégie autrement pernicieuse. Toutes ces enseignes qui
prônent l'ouverture proposent des cartes de fidélité qui toutes ouvrent l'accès
à ce crédit quasi illimité et apparemment indolore, le crédit révolving. Et des salariés tenus par leurs remboursements de crédit sont bien
évidemment bien plus malléables et soumis aux diktats de leur patron.
Vous
avez dit parano ? Et alors…
Qui
assure qu'après avoir obtenu l'ouverture des magasins le dimanche, le
patronat ivre de son succès, ne tentera pas d'étendre cette mesure à toutes les
catégories de travailleurs. Déjà on entend de plus en plus de voix s'élever
pour réclamer l'ouverture des administrations, des banques, bref l'ouverture du
dimanche pour tous !
Et
le travail de nuit...
Et
allons y gaiement, pourquoi pas le travail des enfants !
En
outre, si le travail le dimanche devient la norme, il est évident que les
patrons ne paieront plus pour ce qui est aujourd'hui une exception au code du travail et donc rénumérée comme telle.
Un
autre argument de poids à prendre en compte : le dimanche est souvent la seule
journée où
La
famille peut se retrouver, qui en pratiquant une activité, qui en allant dans
la famille, qui en restant tout simplement à la maison.
Et
les politiques ?
A
Gauche, il y a deux clans : la Gauche progressiste, au nom du pragmatisme
économique est sinon pour, du moins favorable à une révision de la loi. La
Gauche/Gauche, au nom du dogme est pour une application sans faille de
l'interdiction.
Si
la Droite au nom du libéralisme se range sans surprise derrière les partisans
de l'ouverture, non seulement du dimanche mais aussi des jours fériés, on peut
une nouvelle fois s'étonner de son inertie sur ce sujet pendant leurs dix
années de pouvoir.
Non
?
D'accord,
le voici.
Je
connais peu de gens qui sont d'accord pour travailler le dimanche, ceux qui y
sont favorables sont ceux qui ne connaîtront jamais cette contrainte.
Pour
avoir travaillé près de 30 années dans la grande distribution, dont un bon
tiers en travaillant le dimanche, je pense pouvoir donner un avis éclairé.
Je suis contre le travail du dimanche et autres jours fériés.
Pourtant,
je pense que nous sommes peut-être en présence d'un combat d'arrière garde avec
l'irruption d'internet.
Aujourd'hui,
vous pouvez vous, confortablement installé dans votre canapé, feuilleter les
catalogues des magasins, comparer les prix, voire commander et vous faire
livrer rapidement et ce, n''importe quel jour à n'importe quelle heure.
Alors
bientôt, la polémique de l'ouverture du dimanche semblera bien dérisoire...
Portez-vous bien et ......à dimanche !